Dulce Pinzon
Biographie
Dulce Pinzon est née en 1974 à Mexico (Mexique), elle vit et travaille à Brooklyn, New York étudie la communication et les médias à l’Universidad de Las Americas à Puebla Mexico et la photographie à l’université d’Indiana en Pennsylvanie. En 1995, elle s’installe à New York où elle étudie à l’International Center of Photography. Son travail a été publié et collectionné dans le monde entier. En 2001, ses photos sont utilisées pour la couverture d’une édition du livre d’Howard Zinn, Une histoire populaire des États-Unis. En 2002, elle remporte la prestigieuse bourse Jóvenes Creadores au Mexique pour l’ensemble de son œuvre, participe à la 12e édition de la Biennale Mexicaine du Centro de la Imagen et obtient le Fellowship de la New York Foundation for the Arts en 2006. En 2008, elle obtient une bourse de la Ford Foundation et en 2010 la Gaea Foundation / Sea Change Residency pour sa série « La véritable histoire des super-héros ». Elle arrive en première place au Symposium International de Photographie de Mazaltlán Abierto pour cette même œuvre. Elle a également été nominée pour le prix Pictet en 2012.
Paroles d'auteur
« Cela fait plusieurs années que je travaille sur ce concept. Je suis moi-même une immigrée. Sur ce projet, je cherche aussi à sortir les personnes de cette manière de vivre leur vie : en anonymat total. Les déguisements ne sont qu’un prétexte pour les sortir de leur anonymat. Mais aussi pour créer un parallèle entre leur emploi quotidien dans la réalité et les pouvoirs surnaturels de chaque super-héros dans la fiction. » « Bernabe, je l’ai rencontré parce que j’avais besoin d’un laveur de vitre professionnel. Ce costume est d’ailleurs ce qui a inspiré le concept. En rendant visite à ma famille au Mexique, j’ai vu ce déguisement dans un petit marché. Quand je l’ai vu, l’idée a pris forme dans mon esprit, le concept s’est assemblé. Ensuite, ça m’a pris environ 5 ans pour prendre cette photo, c’est l’une des dernières que j’ai faite. À cause de la logistique nécessaire à la réalisation d’une photo aussi complexe que celle-ci. On avait besoin d’un building suffisamment haut pour avoir toute la vue sur New York. Pour prendre cette photo, j’étais surélevée par rapport à lui, d’environ 3 mètres, et on a attendu la lumière parfaite. C’est la première fois qu’il m’a fallu plus de 30 minutes pour prendre une photo. On était suspendus, on a été obligés de mettre du scotch pour repérer, on a dû couper le déguisement parce que sinon il aurait glissé. Mais je voulais laisser à l’image toutes ces imperfections, parce que je ne voulais pas utiliser Photoshop, afin de garder la démarche de documentaire. »
Focus
DETOURNEMENT
Focus
DETOURNEMENT
Les formes du détournement sont nombreuses en photographie : détournement des objets (Chema Madoz, un objet devient un autre), détournement des sujets (Vik Muniz, l’histoire de l’art), détournement des dispositifs photographiques (La photographie sans appareil ou les rayogrammes de Man-Ray). Le détournement est une pratique appréciée des photographes surréalistes qui génèrent une nouvelle réalité. Aussi, le détournement photographique induit un changement de sens, un changement de finalité : le super-héros ne sauve plus littéralement des vies, il lave les carreaux pour subvenir aux besoins de sa famille restée au pays. Son intention héroïque est détournée, l’icône de la pop-culture est gentiment priée de reprendre pied avec la réalité sociale et économique des Etats-Unis. En le dérobant à sa vocation initiale, le détournement bénéficie de la notoriété de l’image de départ pour l’amener vers une nouvelle interprétation.