Bernard Plossu
Biographie
Bernard Plossu est né en 1945 à Dalat, Vietnam. Il vit et travaille à La Ciotat, France. Il passe son enfance à Paris. Il commence la photographie lors d’un voyage au Sahara qu’il effectue avec son père en 1958. Grand voyageur, il réalise par la suite de nombreux reportages à travers le monde : Mexique, États-Unis, Inde, Niger et îles Éoliennes notamment, passant de la couleur au noir et blanc. Dans les années 1970, il est membre du collectif Contrejour avec Claude Nori et participe à la création des «Cahiers de la photographie» en 1981. Plusieurs rétrospectives lui ont été consacrées : au centre Pompidou (1988), au Museum of Photographic Arts de San Diego (1989), à l’Institut Valencien d’art moderne (Valence, Espagne, 1997), au Musée d’art moderne de Strasbourg (2006) et à celui de Mexico (2015).
Paroles d'auteur
Ce que je photographiais de plus en plus à l’époque relevait de l’atmosphère, du climat dans tous les sens du terme, le vent, la poussière, le mauvais temps, le soleil aveuglant. Je ne photographiais pas quelque chose de précis, plutôt des ambiances qui relèvent du non-temps, ce que j’ai appelé aussi « des instants sans importance mais qui ont tellement d’importance ». En fait, ces images sont comme des extraits de films, comme des photogrammes. Il y a un avant, il y a un après et il y a un arrière. Une bonne photo est une photo qui capte ce qu’on a devant soi mais aussi ce qui se passe autour de soi, ce qu’on entend. Le regard, l’odorat, le son, c’est un mélange de tous les sens. La perfection en photo frise souvent l’ennui, et ceux qui s’en sortent sont ceux qui cassent la perfection. Ce n’est pas tant un laisser-aller qu’une souplesse de voir. Il faut être prêt, disponible pour le hasard. J’aime bien dire qu’on a le hasard qu’on mérite.
Focus
LE FLOU
Focus
LE FLOU
À l’opposé de la netteté, le flou est un phénomène optique qui «brouille» les formes et les contours, rendant l’image moins lisible dans ses détails. Il y a plusieurs types de flou en photographie. Le flou de bougé, d’une part, est dû aux mouvements sensibles de l’appareil et/ou du sujet photographié pendant la pose : tremblements du photographe, rapidité d’une voiture qui passe, il est lié à la vitesse de prise de vue et donne un effet visuel de «filé». Le flou de mise au point, d’autre part, est lié aux possibilités optiques de l’objectif photographique (mise au point et profondeur de champ) qui vont parfois distinguer un premier plan net d’un arrière plan flou, et vice-versa. Il peut isoler des éléments de l’image, et joue sur la sensation de proximité ou de distance. Le flou est une contrainte technique (que la photographie partage en partie avec la vidéo et le cinéma), qui constitue dans certains cas une difficulté (évitée par l’usage d’un trépied, d’un temps de pose court), mais peut aussi être un choix visuel fort. Permettant d’introduire de la dynamique ou du mystère, de jouer sur les couleurs ou encore sur une dimension abstraite de l’image, le flou peut être aussi important comme matière que pour ce qu’il raconte de l’expérience du photographe. Dans la photographie de Bernard Plossu, l’association de ces deux types de flou (de bougé et de mise au point) donne une vraie dynamique au regard du spectateur : emportés par le mouvement du déplacement, nous circulons aussi du premier plan à l’arrière plan, dans une image à la fois ouverte et intime.