Philippe Chancel
Biographie
Né en 1959 à Issy-les-Moulineaux, France.
Vit et travaille à Paris, France.
Depuis plus de vingt ans, Philippe Chancel poursuit une expérience photographique à l’intersection entre art, documentaire et journalisme. Initié très jeune à la photographie, formé aux sciences économiques (université de Nanterre) et au journalisme (CFPJ de Paris), il a notamment exposé au Barbican Centre à Londres, au Centre Pompidou à Paris, à C/O Berlin, à la Open Eye Society Foundation à New York, à la 53e Biennale de Venise, au Multimedia Art Museum à Moscou. Son projet Datazone, montré et publié en partie en France et à l’étranger, est exposé dans son intégralité pour la première fois aux Rencontres d’Arles 2019.
Depuis plus de vingt ans, Philippe Chancel poursuit une expérience photographique à l’intersection entre art, documentaire et journalisme. Initié très jeune à la photographie, formé aux sciences économiques (université de Nanterre) et au journalisme (CFPJ de Paris), il a notamment exposé au Barbican Centre à Londres, au Centre Pompidou à Paris, à C/O Berlin, à la Open Eye Society Foundation à New York, à la 53e Biennale de Venise, au Multimedia Art Museum à Moscou. Son projet Datazone, montré et publié en partie en France et à l’étranger, est exposé dans son intégralité pour la première fois aux Rencontres d’Arles 2019.
Paroles d'auteur
New Babylone.
Je ne cherche plus à savoir pourquoi je me trouve maintenant dans ce sable opéré de toute part baigné par la chaleur très électrique de la nuit artificielle de la ville immense et vide à la fois. Je baigne littéralement dans la fournaise ambiante qui me procure une sorte d’ivresse et je fixe la plus haute tour du monde, qui n’est encore qu’un squelette de béton perfusé de néons de 800 mètres peut–être. Le spectacle est grandiose et toutefois pathétique. Les grues manoeuvrent en plein ciel. Des bruits métalliques de ce travail vertical me parviennent en chute libre comme amortis par une gangue collante à la surface des choses. La situation est étrange et totalement surréaliste et tant de démesure se révèle aussi dérisoire. Cette tour apparaît comme un énorme signal encore perdu au milieu de nulle part. Je capture la scène environnante en 39 millions de pixels. Depuis des jours, j’explore Dubaï qui me fascine et me fait peur aussi. Du matin au soir ma voiture roule à toute blinde sur un circuit 24 sophistiqué aux axes démultipliés. Le bitume est une moquette et les voitures que je croise passent en revue de luxe. J’explore et tente de comprendre un paysage urbain que je vois comme la maquette en vraie et a contrario extrême de rêves surgis des sables. Ce ne sont pas des mirages d’architectures et d’oasis en plein désert ; les tours de verres, les marinas, les îles mondes, les Palms, les palaces dorés à la feuille et villas ourlés de milliardaires existent bel et bien, de plus en plus. Je suis pris moi-même au piège de cette mégalomanie bâtisseuses et je pense à ces esclaves construisant les pyramides à l’image de ces myriades de workers, dignes et magnifiques dans leurs uniformes impeccables. Ils sont partout et font partie du paysage drapé de la violence de l’indifférence. Demain je repasserai pour aller plus loin et tout aura déjà changé dans ce Manhattan des mille et une nuits et je me demande encore quelle est cette alchimie qui transforme dans ce désert les richesses millénaires d’un or noir en cette volonté totalitaire de bâtir en un siècle les panthéons récipiendaires de nos cultures les plus anciennes d’un autre temps pour réinventer le passé en avenir. (Philippe Chancel)
Je ne cherche plus à savoir pourquoi je me trouve maintenant dans ce sable opéré de toute part baigné par la chaleur très électrique de la nuit artificielle de la ville immense et vide à la fois. Je baigne littéralement dans la fournaise ambiante qui me procure une sorte d’ivresse et je fixe la plus haute tour du monde, qui n’est encore qu’un squelette de béton perfusé de néons de 800 mètres peut–être. Le spectacle est grandiose et toutefois pathétique. Les grues manoeuvrent en plein ciel. Des bruits métalliques de ce travail vertical me parviennent en chute libre comme amortis par une gangue collante à la surface des choses. La situation est étrange et totalement surréaliste et tant de démesure se révèle aussi dérisoire. Cette tour apparaît comme un énorme signal encore perdu au milieu de nulle part. Je capture la scène environnante en 39 millions de pixels. Depuis des jours, j’explore Dubaï qui me fascine et me fait peur aussi. Du matin au soir ma voiture roule à toute blinde sur un circuit 24 sophistiqué aux axes démultipliés. Le bitume est une moquette et les voitures que je croise passent en revue de luxe. J’explore et tente de comprendre un paysage urbain que je vois comme la maquette en vraie et a contrario extrême de rêves surgis des sables. Ce ne sont pas des mirages d’architectures et d’oasis en plein désert ; les tours de verres, les marinas, les îles mondes, les Palms, les palaces dorés à la feuille et villas ourlés de milliardaires existent bel et bien, de plus en plus. Je suis pris moi-même au piège de cette mégalomanie bâtisseuses et je pense à ces esclaves construisant les pyramides à l’image de ces myriades de workers, dignes et magnifiques dans leurs uniformes impeccables. Ils sont partout et font partie du paysage drapé de la violence de l’indifférence. Demain je repasserai pour aller plus loin et tout aura déjà changé dans ce Manhattan des mille et une nuits et je me demande encore quelle est cette alchimie qui transforme dans ce désert les richesses millénaires d’un or noir en cette volonté totalitaire de bâtir en un siècle les panthéons récipiendaires de nos cultures les plus anciennes d’un autre temps pour réinventer le passé en avenir. (Philippe Chancel)
Focus
NATURE / CULTURE
Focus
NATURE / CULTURE
L’iconographie écologique possède ses codes de représentations, ses lieux communs : d’une part, des animaux ou des paysages d’une grande beauté, d’autre part des représentations effrayantes de pollution. Les deux représentations sont parfois mêlées dans un mouvement contradictoire de fascination et de répulsion. De manière singulière, Philippe Chancel interroge les rapports de la nature et de la culture dans cette “archive du présent” intitulée Datazone. Il a parcouru la planète pour documenter un monde en crise. La culture représente le développement des activités humaines qui impactent la nature. C’est l’ampleur de son travail qui fait date, il a représenté de manière exhaustive les désastres écologiques, sociaux et économiques à travers le monde pour donner à voir simultanément et de manière vertigineuse, les stigmates de la planète.