Vik Muniz
Biographie
Vik Muniz est né en 1961, il vit et travaille à New York et Rio de Janeiro. Une rétrospective consacrée à son œuvre a eu lieu en 2014 au Tel Aviv Art Museum. D’autres expositions se sont tenues à la Collection Lambert à Avignon, au musée d’Art Moderne de São Paulo, au Whitney Museum et au MoMA à New York. L’artiste participe également à plusieurs projets éducatifs au Brésil et aux États-Unis. Son documentaire Waste Land (2010), nominé aux Oscars, a remporté le Sundance Audience Award. En 2011, l’Unesco l’a nommé Ambassadeur de bonne volonté et en 2013, il a reçu le Crystal Award du Forum Économique Mondial. Vik Muniz est membre du Network of Global Agenda Council. Il a été chargé de réaliser la station de métro à l’angle de la Second avenue et de la 72th rue à Manhattan, qui a ouvert en 2016.
Paroles d'auteur
« Les déchets, c’était une idée intéressante parce que la poubelle, les ordures, c’est tout ce que l’on ne veut pas regarder. C’est la partie de notre histoire que l’on ne veut pas faire figurer dans l’album de famille. C’est une matière invisible, on a toujours tendance à la cacher. On dit comme excuse que c’est à cause des odeurs, de l’hygiène, mais ce n’est pas seulement ça : on ne veut pas voir nos déchets. Comme artiste, faire des œuvres visuelles avec un matériel que l’on ne veut pas regarder c’est une proposition très intéressante. » « L’utilisation de matériaux pas orthodoxes (sirop, chocolat) pour faire de l’art, c’est l’intention d’attirer l’attention. Quand on fait quelque chose de bizarre, quand on introduit des abeilles dans son œuvre, ça provoque une espèce de court-circuit, les gens deviennent conscients de l’acte de voir quelque chose et c’est ça qui m’intéresse. » « Le but de l’art c’est de changer, d’améliorer la façon dont on regarde le monde et à partir de là comment on se regarde soi-même. » « Je suis toujours en train de regarder des choses que les gens ne regardent pas, pour les faire remarquer ensuite et leur donner de la valeur, pour les vendre, faire de l’argent. Et il y a un parallèle entre l’activité de trieurs, de glaneurs et l’activité de l’artiste dans ce sens là. »
Focus
ENGAGEMENT
Focus
ENGAGEMENT
L’expression «concerned photographer» a été utilisée par Cornell Capa (1918-2008) pour désigner les photographes qui ont donné une dimension humanitaire à leur travail et qui ont utilisé leurs images pour favoriser la prise de conscience et changer le monde. Ainsi, la photographie sociale de Lewis Hine au début du 20e siècle documentant le travail des enfants est une pratique engagée qui n’en porte pas encore le nom. Il s’agit d’une des premières occurrences de l’engagement en photographie et on a, de fait, associé le photo-journalisme à l’engagement en photographie. Or il ne peut s’y réduire et de nouvelles pratiques comme la photographie documentaire renouvelle les formes de l’engagement. Révéler, exhumer, matérialiser : ce sont les intentions des photographes documentaires qui rendent visibles des problématiques opaques. L’engagement du photographe est plus ou moins intentionnel et Jane Evelyn Atwood illustre bien ce paradoxe de l’intention et de l’engagement : « C’est le sujet qui va imposer ou non un engagement de ma part […]. Parfois, on a l’impression que des photos ne servent à rien. Il faut les faire quand même. » Loin de l’image stéréotypée du photographe de guerre, les nouvelles pratiques documentaires questionnent la notion même d’engagement qui n’est plus brandie comme un étendard. Raymond Depardon la remet enfin à sa juste place : « A priori je me méfie de l’engagement, il me parait souvent un peu forcé et renvoie une bonne conscience surtout à l’auteur. » (BNF, « Pour une photo engagée »). En pratiquant une photographie participative, Vik Muniz n’espère pas bouleverser le monde mais il changera au moins l’existence des catadores qui se sont investis dans son projet photographique en favorisant l’ouverture artistique et culturelle et leur reconversion sociale.