Marion Poussier
Biographie
Marion Poussier est née en 1980, elle vit et travaille à Paris (France). Diplômée de l’École Nationale Supérieure Louis-Lumière, elle collabore avec la presse et développe en parallèle un travail photographique personnel. Elle a reçu le prix de la Bourse du Talent pour sa série “La Canicule”, le Prix Lucien Hervé ainsi qu’une mention spéciale du Prix Kodak de la critique en 2005 pour “Un été”, série de photographies sur l’adolescence, exposée aux Rencontres Internationales de la Photographie d’Arles en 2006. “Famille”, une autre série photographique a été saluée par le prestigieux prix de l’Académie des Beaux-Arts. Marion Poussier est également l’auteur de trois livres aux éditions Filigranes : “Ils habit(ai)ent au 61 rue d’Avron”, “Un Eté”, et “Famille”.
Paroles d'auteur
« J’appuie quand je sens une photo, c’est tout. Les gens voient bien que je photographie. Et ils me laissent faire ou je m’en vais. On est dans le tacite. » « En 2003, j’entamais une série de photographies sur l’adolescence qui allait m’amener à construire un projet plus vaste, comme on tire sur un fil rouge sans savoir jusqu’où il peut nous conduire. Je photographiais intuitivement, chaque série me conduisant vers la suivante. À chaque fois, mon regard se portait sur l’observation des corps et leur mise en scène en société. Chaque fois, j’ai procédé de la même manière, en m’immisçant dans des espaces plus ou moins clos au sein desquels les individus étaient amenés à vivre ensemble et à mettre en place ces jeux de rôles et de postures. J’ai pu ainsi observer des adolescents dans des colonies de vacances puis des enfants dans des cours de récréation. Je me suis aussi rendue dans des espaces plus intimes comme la maison afin de percevoir si là aussi, les rôles avaient une importance. Je suis également allée dans des maisons de retraite, où la valorisation du corps et la position sociale n’avaient plus beaucoup de sens. Attentive et pourtant en retrait pour mieux l’observer, j’étais fascinée par ce petit théâtre de la vie déployé devant mes yeux. Ainsi, petit à petit, en passant d’un univers à l’autre, je dessinais les contours d’une histoire sans cesse répétée. »
Focus
FRONTALITÉ
Focus
FRONTALITÉ
La frontalité est le choix d’un point de vue à la fois direct et en retrait, par lequel le photographe donne à voir son sujet en nous plaçant face à lui, avec une certaine « objectivité » que permet la précision photographique. Il s’agit souvent d’une photographie documentaire, qui cherche à rester au plus proche de la réalité, sans mise en scène et sans transformation. Mais ce souci d’objectivité se heurte à la nécessaire partialité du regard du photographe, regard qui implique toujours un choix. La frontalité de la photographie de Marion Poussier, à hauteur d’homme, directe, correspond à sa démarche qui consiste à s’impliquer dans le quotidien des gens. Au contraire du reportage, l’artiste fonctionne sur la durée, elle prend le temps d’observer mais aussi de se faire oublier. Il s’agit d’un travail à long terme qui permet de capter des petits instants, peut-être banals, mais significatifs. Dans cette image, elle nous renvoie à ce temps de l’adolescence, à cet âge où l’on se cherche, où le corps est parfois ressenti comme une gêne, où la sexualité s’éveille et où tout reste à découvrir.