Observer / Voir Images de photographes Auteurs Eric Bouvet

Eric Bouvet

Biographie

Éric Bouvet est né en 1961, il acquiert sa notoriété dans les années 80 lorsqu’il devient photojournaliste pour l’agence Gamma en 1981. Ses photo-reportages sont publiés dans les plus grands quotidiens et magazines internationaux : Time, Life, Newsweek, Paris-Match, Sunday Times Magazine… Il a photographié les principaux conflits dans le monde. La richesse de ses témoignages a été largement récompensée : le Prix Bayeux des Correspondants de Guerre, le Prix Paris Match, deux Visa d’or, la médaille d’or du 150 anniversaire de la photographie, cinq World Press photo awards lui ont été décernés depuis le début de sa carrière.

Paroles d'auteur

« À quoi bon faire ce foutu métier ? Pourquoi prendre tant de risques ? Pour dénoncer les horreurs de ce monde ? Pour cette belle utopie qu’est le témoignage journalistique ? Pour aller toujours un peu plus loin ? Repousser mes limites, physiques et psychiques ? Ou tout simplement pour l’ego ? La vérité est peut être un mélange de tous ces faits, et c’est si dur de se l’avouer. » « Je voudrais me cacher, m’enfouir, disparaître. Comme je n’y arrive pas, j’abdique et m’allonge sur le dos pour regarder ce ciel merveilleux plein d’étoiles filantes. Je suis parti pour marcher sur la voie lactée quand un big-bang éclate près de moi. » « Impossible de me blinder par le travail, la trouille est plus qu’installée, je suis passé dans une autre dimension, au-delà de la conscience, au-delà de la raison… » Extrait du livre « Jusqu’au bout » d’Éric Bouvet.

Focus

DISTANCE

Frappe d'une attaque par les avions français et anglais, chargés par l'ONU de détruire les troupes de Khadafi. 20 km de Benghazi. Libye

À propos de la photo

2011, Au large de Benghazi, après une journée de combat dans les faubourgs de Benghazi entre les révolutionnaires et les troupes de kadhafi, le lendemain les aviations Anglaise et Française bombardent tous les convois de blindés de Kadhafi. Ici un orgue de Staline est touché et les roquettes partent dans tous les sens comme un feu de bengale. Ce sera le début de la fin du règne du dictateur, toutes les villes révolutionnaires se lieront et les armées convergeront vers Tripoli la capitale pour renverser le pouvoir quelques mois plus tard.

Photo issue de la série série The beginning.
Voir la série.

Focus

DISTANCE

Photographier, c’est trouver la bonne distance vis-à-vis de son sujet. Choisir sa place, se positionner, se pencher, s’accroupir, se surélever, aller de l’avant, reculer, se rapprocher, s’éloigner, ce sont toutes les opérations que peut effectuer le photographe quand il réalise une photographie. Dans cette photographie réalisée pendant la guerre en Lybie, Éric Bouvet se situe loin de la scène mais dans d’autres images nous voyons qu’il n’hésite à aller à proximité des combattants. Il s’agit donc bien d’un choix, celui de se tenir à distance pour mettre en valeur cette petite silhouette en train de fuir en attirant irrésistiblement par le choix des lignes de fuite notre regard vers lui afin de souligner sa fragilité et l’éphémérité de la vie.

Le regard du médiateur

Cette image fait partie d’un reportage photographique, « The Beginning », réalisé en Lybie en mars 2011, lors du soulèvement des forces rebelles au régime de Khadafi. Les avions français et anglais sont chargés par l’ONU de détruire le gros des troupes du dictateur massées aux environs de Benghazi. Une frappe vient d’avoir lieu sur un véhicule équipé de roquettes qui, sous l’impact, explosent dans tous les sens tels des feux d’artifices. Le regard est immédiatement attiré par le personnage qui court sur la route et semble fuir le danger, derrière lui apparaissent des véhicules arrêtés et détruits. C’est vers ce personnage que convergent les principales lignes de fuite de l’image : celles de la route, de l’horizon, des nuages de fumée de couleurs différentes. Le danger semble être venu du ciel, obscurci par la fumée, qui occupe les deux tiers supérieurs de la photographie. Le sol n’est que vide et destruction. La violence des bombardements semble se poursuivre en hors-champ, en effet deux lignes de fuite secondaires convergent en dehors du cadre de la photographie (celle constituée par la ligne d’horizon et l’autre par une fumée grise qui disparaît au-delà de la voiture porte ouverte située en bord cadre).