Niels Ackermann
Biographie
Niels Ackermann est né en 1987, il vit et travaille entre Genève, Suisse et Kiev, Ukraine. En parallèle d’études en sciences politiques à l’université de Genève, Niels Ackermann a commencé à travailler pour la presse suisse et internationale en 2007. L’Ange Blanc, son reportage sur la jeunesse post-Tchernobyl, lui a valu de nombreuses distinctions dont le prix Rémi Ochlik-Ville de Perpignan ou le Swiss Press Photo Award. Il a été présenté dans divers festivals et expositions en Chine, en France, aux Pays-Bas ou en Suisse. Les photographies de «Looking for Lenin» ont fait l’objet d’une exposition lors des Rencontres d’Arles 2017. Niels Ackermann vit à Kiev depuis 2015. Voyageur, Sébastien Gobert a sillonné l’espace post-communiste pendant de nombreuses années en tant que journaliste indépendant. Installé en Ukraine depuis 2011, il est notamment correspondant pour Libération, Radio France Internationale, Le Monde Diplomatique et La Tribune de Genève. Son travail a été récompensé par le prix Writing for CEE en 2013. Il tient un blog intitulé « Nouvelles de l’Est. Récits d’Ukraine et d’ailleurs ».
Paroles d'auteur
Ce n’était pas gagné d’avance parce qu’on photographiait finalement tout le temps la même chose : Lénine. Sachant qu’il y avait 5 500 statues de Lénine à travers tout le pays, remplir un article de journal, un livre ou autre avec dix, vingt ou cent photos de la même chose tout le temps, ça peut devenir très lassant. En fait, notre grande chance – et ça, on s’en est rendu compte après avoir fait quatre ou cinq statues – c’est qu’à chaque fois, elles nous racontaient quelque chose de différent. Une tête découpée entreposée sans aucune mise en forme dans un musée, une statue qui s’écrase dans l’herbe… Certaines ont des structures communes mais elles racontent toutes une histoire différente – ce qui correspond bien aux histoires que Sébastien a récoltées au long du projet. Chacune nous raconte l’Ukraine et la décommunisation dans toutes leurs nuances. Ce qu’on essaie de raconter à travers ce projet, c’est que le rapport des gens à la décommunisation et au passé soviétique est extrêmement varié : des nostalgiques de l’URSS à ceux qui disent que cette décommunisation aurait dû être faite beaucoup plus tôt… Les méthodes sont aussi très différentes. Tout le monde ne soutient pas la suppression des monuments. Si on regarde les sondages, on voit que c’est très loin de faire l’unanimité. Les gens sont conscients de la valeur culturelle de certains de ces monuments, mais ils sont aussi conscients de l’héritage historique. Et nous, étant étrangers, on ne voulait émettre aucun jugement. On est juste là pour documenter le processus. Ce serait trop facile de dire : « Les Ukrainiens cassent des statues, donc ce sont des fascistes. » À travers les témoignages, on voit bien que c’est plus complexe que ça : on voit une Ukraine qui est en train de se réinventer, de questionner son histoire.
Focus
LÉGENDE
Focus
LÉGENDE
La légende est un très court texte accompagnant une image. Elle est souvent descriptive, donnant le nom de l’auteur, indiquant le lieu et le moment de la prise de vue. Elle peut aussi amener des informations sur le contexte. Le choix de ces informations est déterminant, car celles-ci influencent le regard que l’on porte sur l’image : elles peuvent répondre à certaines de nos questions, nous surprendre par rapport à nos attentes ou notre première réaction, pointer un détail que nous n’avions pas vu. Il peut aussi s’agir d’un titre, qui introduit du mystère, de l’humour ou de l’ironie dans notre lecture de l’image. La notion de légende est directement liée à celle du contexte. Contexte de production de l’image, sur lequel elle nous informe, contexte de diffusion (journal, page web, couverture de livre, exposition) en fonction duquel elle varie, et contexte de réception, qu’elle influence de manière décisive. En effet, une même image peut prendre des sens très différents, voire opposés, selon la légende qui l’accompagne. Dans le cas de cette photographie de Niels Ackermann, la légende est très importante : rédigée par le journaliste Sébastien Gobert, elle nous raconte l’histoire de ce que nous voyons, nous donne des clés de compréhension de la situation. Elle est ici véritablement complémentaire de la photographie, s’inscrit dans une approche journalistique.